Dans les couloirs du pouvoir à Washington, le débat fait rage autour d’une mesure législative controversée, surnommée le « Big Beautiful Bill » du président Donald Trump. Au cœur de cette tempête politique se trouve une proposition de moratoire sur la régulation de l’intelligence artificielle (IA) par les États, une initiative qui soulève autant de passion que de répulsion. Initialement prévu pour une durée de dix ans, ce moratoire a rapidement été revu à la baisse sous la pression de divers acteurs politiques et sociaux, passant à cinq ans avec des exceptions spécifiques. À travers les manœuvres, les révisions et les oppositions, ce texte législatif dévoile les tensions croissantes entre les intérêts de la grande technologie et la protection des citoyens.
Les Origines du Moratoire
Un moratoire contesté dès le départ
L’idée d’un moratoire sur la régulation de l’IA par les États a été fortement soutenue par David Sacks, le tsar de l’IA à la Maison Blanche et capital-risqueur. Sa proposition a toutefois été accueillie avec un scepticisme marqué par une diversité d’officiels gouvernementaux, incluant 40 procureurs généraux d’État et la représentante ultra-MAGA, Marjorie Taylor Greene. Face à cette opposition, les sénateurs Marsha Blackburn et Ted Cruz ont présenté une version amendée du moratoire, réduisant la pause de dix à cinq ans et intégrant plusieurs exceptions.
Les réactions à la version révisée
La version atténuée a été critiquée comme une « carte de sortie de prison gratuite » pour les grandes entreprises technologiques, ce qui a poussé Blackburn à revoir sa position. Elle a déclaré ne pas trouver le langage actuel acceptable pour ceux ayant le plus besoin de protections, soulignant que tant que des législations fédérales, comme la Kids Online Safety Act, ne seraient pas adoptées, il ne serait pas approprié de bloquer les États dans leur capacité à protéger leurs citoyens.
Les Enjeux du Moratoire
Les exemptions et leur impact
L’exemption proposée incluait des lois spécifiques, telles que la protection contre les pratiques déloyales ou trompeuses, la sécurité en ligne des enfants, et la protection des droits à l’image et à la voix. Malgré ces exemptions, l’opposition est restée forte, venant de diverses organisations et individus qui voient dans ces exceptions une portée insuffisante pour contrer les risques associés à l’IA.
Une barrière contre les réglementations
Les critiques, dont la sénatrice Maria Cantwell, voient dans le langage du moratoire un nouveau bouclier protecteur pour les systèmes d’IA contre les litiges et les régulations étatiques. Le moratoire, tel qu’il est formulé, pourrait ainsi limiter considérablement les efforts des États pour réguler les technologies en ce qui concerne la sécurité.
Les Derniers Développements
Des amendements contradictoires
Dans un rebondissement récent, Cantwell et Blackburn ont présenté un amendement visant à supprimer complètement le moratoire sur l’IA du projet de loi. Blackburn, inversant encore sa position précédente, a co-sponsorisé l’amendement de Cantwell, qui en retour a soutenu la nouvelle proposition de Blackburn. Ce geste montre la volatilité et la complexité des alliances politiques sur cette question.
Une course contre la montre
L’administration Trump a pressé le Congrès de voter sur le Big Beautiful Bill avant la pause du 4 juillet, mettant en évidence l’urgence perçue par certains acteurs politiques pour régler cette question épineuse avant les vacances législatives.
Ces développements récents illustrent la dynamique changeante et souvent conflictuelle au sein du gouvernement américain concernant la régulation de l’intelligence artificielle, un sujet qui continue de provoquer des débats animés et des prises de position tranchées parmi les législateurs.
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