Trois jours seulement après que l’administration Trump a dévoilé son plan d’action très attendu pour l’intelligence artificielle (IA), la Chine a lancé son propre manifeste politique sur l’IA. Coïncidence ? Peu probable. L’annonce a été faite le premier jour de la Conférence mondiale de l’intelligence artificielle (WAIC), le plus grand événement annuel dédié à l’IA en Chine. Des figures emblématiques de l’industrie technologique occidentale, telles que Geoffrey Hinton et Eric Schmidt, étaient présentes aux festivités à Shanghai, tout comme notre collègue de WIRED, Will Knight.
L’ambiance à la WAIC contrastait radicalement avec la vision de l’Amérique de Trump – priorité à l’Amérique et légère en réglementation – pour l’IA. Dans son discours d’ouverture, le Premier ministre chinois Li Qiang a plaidé avec sérieux pour l’importance de la coopération mondiale en matière d’IA. Il a été suivi par une série de chercheurs chinois en IA qui ont donné des exposés techniques sur des questions urgentes que l’administration Trump semble largement ignorer.
Une Nouvelle Vision Chinoise de l’IA
Le plan d’action chinois pour l’IA
Zhou Bowen, à la tête du Shanghai AI Lab, l’une des principales institutions de recherche en IA de Chine, s’est vanté des efforts de son équipe sur la sécurité de l’IA lors de la WAIC. Il a également suggéré que le gouvernement pourrait jouer un rôle dans la surveillance des modèles commerciaux d’IA pour détecter les vulnérabilités.
Collaboration internationale en vue
Yi Zeng, professeur à l’Académie des sciences chinoise et l’une des principales voix du pays sur l’IA, espère que les organisations de sécurité de l’IA du monde entier trouveront des moyens de collaborer. « Ce serait idéal si le Royaume-Uni, les États-Unis, la Chine, Singapour et d’autres instituts se réunissaient », a-t-il déclaré.
Des réunions à huis clos
La conférence incluait également des réunions à huis clos sur les questions de politique de sécurité de l’IA. Paul Triolo, partenaire chez DGA-Albright Stonebridge Group, a confié à WIRED que les discussions avaient été productives, malgré l’absence notable du leadership américain. Avec les États-Unis hors jeu, « une coalition des principaux acteurs de la sécurité de l’IA, co-dirigée par la Chine, Singapour, le Royaume-Uni et l’UE, va désormais diriger les efforts pour construire des garde-fous autour du développement des modèles d’IA de pointe », a-t-il ajouté.
La Sécurité de l’IA, un Sujet Brûlant en Chine
Focus sur les réglementations de sécurité
Brian Tse, fondateur de l’institut de recherche sur la sécurité de l’IA basé à Pékin Concordia AI, a été surpris d’apprendre à quel point la conversation sur l’IA en Chine tourne autour des réglementations de sécurité. « Vous pourriez littéralement assister à des événements sur la sécurité de l’IA non-stop ces sept derniers jours. Ce n’était pas le cas lors d’autres sommets mondiaux sur l’IA », a-t-il confié.
Les efforts de recherche en sécurité de l’IA
Plus tôt cette semaine, Concordia AI a organisé un forum d’une journée sur la sécurité à Shanghai avec des chercheurs célèbres en IA comme Stuart Russel et Yoshua Bengio. Les discussions ont souligné que, bien que les gouvernements de la Chine et des États-Unis soient très différents, les préoccupations en matière de sécurité de l’IA sont similairement partagées : hallucinations des modèles, discrimination, risques existentiels, vulnérabilités en cybersécurité, etc.
Un Changement de Posture Entre les États-Unis et la Chine
Alors que l’administration Trump a tenté, sans succès, de mettre en place un moratoire de dix ans sur l’adoption de nouvelles réglementations étatiques sur l’IA, les dirigeants chinois, y compris Xi Jinping lui-même, soulignent de plus en plus l’importance de mettre en place des garde-fous pour l’IA. Pékin a également été occupé à élaborer des normes et des règles nationales pour la technologie, certaines étant déjà en vigueur.
L’offensive de charme de la Chine
Je ne sais pas à quel point l’offensive de charme de la Chine sera efficace à terme, mais le retrait global des États-Unis semble être une opportunité séculaire pour Pékin de diffuser son influence, surtout à un moment où chaque pays cherche des modèles pour aider à comprendre les risques de l’IA et les meilleures façons de les gérer.
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