Terry Moran, un journaliste chevronné d’ABC News, n’était pas particulièrement connu du grand public ni considéré comme un provocateur politique jusqu’à ce fameux 8 juin. Ce jour-là, tout a changé lorsqu’il a publié sur X que Stephen Miller, le chef adjoint du personnel de Donald Trump, était « un haineux de classe mondiale », ajoutant peu après que le président lui-même était également un haineux. Ces propos, bien que défendables, semblent avoir enfreint la politique d’ABC, conduisant à la suspension puis au licenciement de Moran. Refusant de se laisser abattre, Moran a rebondi en démarrant sa propre newsletter sur Substack le 11 juin. Ce mouvement s’inscrit dans une tendance plus large où les journalistes cherchent à retrouver une liberté éditoriale, loin des contraintes imposées par les rédactions traditionnelles. Mais ce nouveau rêve est-il aussi idyllique qu’il y paraît ?
La promesse de Substack : liberté et profits
Substack se présente comme une terre promise pour les journalistes aspirant à plus d’indépendance. Chris Best, le PDG de Substack, a récemment déclaré que plus de cinquante de ses utilisateurs gagnaient plus d’un million de dollars par an grâce à leurs abonnements. Ce modèle séduit de plus en plus de professionnels des médias, frustrés par les ingérences éditoriales ou les pressions commerciales. Des figures comme Jennifer Rubin, précédemment chez The Washington Post, ou l’ancien présentateur de MSNBC Mehdi Hassan, ont rejoint la plateforme pour lancer leurs publications personnelles.
Des départs motivés par divers facteurs
– Manque de soutien éditorial dans les grands médias
– Censure liée aux plaintes des annonceurs
– Licenciements suite à des prises de position tranchées
Une réalité moins rose pour les nouveaux venus
Malgré ces histoires de succès, le modèle de Substack présente des défis non négligeables. Le coût des abonnements peut s’avérer prohibitif pour de nombreux lecteurs habitués à accéder gratuitement à ces voix dans des publications plus larges. De plus, les journalistes doivent s’adapter à une audience potentiellement plus restreinte et plus segmentée, ce qui peut limiter leur impact et leur portée.
Le dilemme financier : entre rêve et réalité
– Coûts d’abonnement élevés pour les lecteurs
– Difficulté à égaler les salaires des médias traditionnels
– Nécessité de séduire un nombre suffisant d’abonnés payants
Critiques et scepticisme croissants
Récemment, des voix critiques se sont élevées quant à la viabilité à long terme de Substack. Des analystes comme Eric Newcomer et Dylan Byers ont exprimé des doutes sur la stabilité financière de la plateforme, malgré les revenus annoncés. Par ailleurs, des observateurs comme Ana Marie Cox questionnent le nombre limité de places pour des « Terry Morans » sur Substack, mettant en lumière les risques de saturation et de lassitude des abonnés.
Un modèle en quête de diversification
Face à ces défis, Substack semble chercher à diversifier ses activités, promouvant des contenus variés comme des vidéos ou des podcasts. Cette stratégie vise à attirer un public plus large et à se démarquer dans un paysage médiatique en constante évolution.
Substack représente une révolution fascinante dans le monde du journalisme, promettant liberté et rémunération attrayante. Cependant, entre les défis financiers, les limitations d’audience et les critiques croissantes, se dessine un chemin semé d’embûches. Reste à voir comment ces pionniers de l’indépendance médiatique navigueront dans ces eaux tumultueuses pour réinventer leurs carrières et, potentiellement, le journalisme lui-même.
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