L’odyssée d’un entrepreneur
Artiste, amateur d’objets rares, athlète de haut niveau et chef d’entreprise, Kevin Soler, à seulement 31 ans, a déjà vécu de multiples existences. Son parcours est un mélange de passion pour l’innovation et de trahisons dévastatrices, révélant une capacité impressionnante à rebondir et une résilience exceptionnelle.
Ayant obtenu son baccalauréat, Kevin Soler cède aux encouragements de ses parents et s’inscrit dans une école de commerce. « Durant mon premier année à l’école Y, j’ai co-créé une start-up nommée Tennis Partner. J’étais en charge du modèle économique de ce réseau social, qui a ensuite été lancé dans 17 pays », se remémore Kevin Soler.
Pour sa seconde année, il part en Australie. Sans entreprise pour l’accueillir, il lui reste un mois pour se loger et trouver un emploi. Après avoir envoyé 4 000 CV, il décroche un poste qui le propulse rapidement parmi les cinq meilleurs vendeurs à seulement 19 ans. Suite à une conférence qu’il présente sur les techniques de vente, il est recruté par Google.
Il abandonne alors ses études de commerce pour devenir directeur commercial. « Au bout d’un an, je réalise que ce poste ne me suffit pas, car je suis animé par l’esprit d’entreprise », confie-t-il. Il revient ensuite en France et s’associe avec son père pour fonder DDGI.
En 2012, ils créent la première agence immobilière offrant des visites virtuelles des propriétés qu’ils ont en mandat. Le manque de support financier conduit à l’échec du projet, mais ils ne se découragent pas et décident de vendre leur solution aux autres agences immobilières, créant ainsi la société VIP Studio 360, qui connaît un succès rapide.
La chute inattendue
Le père et le fils accumulent les succès. VIP Studio 360 commence à cibler l’industrie hôtelière et pour accélérer leur croissance sans faire appel à des investisseurs, ils lancent un réseau de franchises. « Entre 2014 et 2017, 65 franchisés nous ont rejoints, et nous sommes devenus l’un des plus grands franchiseurs indépendants de France », explique Kevin Soler. En 2015, l’entreprise déménage à Sophia Antipolis pour souligner son orientation technologique. Cependant, en 2019, tout bascule : « Notre comptable me signale un problème de trésorerie. Je ne comprends pas, car notre développement est constant, nous embauchons et signons de nouveaux clients tous les jours ».
La réalité est brutale : le compte est à découvert de 358 000 euros, avec un passif total de 1,6 million d’euros. « Mon père, qui était le gérant majoritaire, a détourné les fonds. Je découvre qu’il jouait cet argent au casino… » Pour Kevin Soler, c’est un coup dur : trésorerie vide, salaires à payer, engagements à tenir. « Nous sommes en septembre 2019, et je dois informer mes collaborateurs de la situation. Je suis personnellement garant pour 500 000 euros et mon salaire, que je ne peux plus me verser, ne dépasse pas 1 500 euros ».
Résilience et nouveau départ
Sur les conseils de son avocat, Kevin prend immédiatement des mesures. Il porte plainte contre son père, qui admet sa culpabilité. Dix employés acceptent de quitter la société volontairement et les dix autres restants acceptent de réduire les coûts. Grâce à cet effort collectif, l’entreprise se stabilise. Depuis son retour en France, il s’investit dans le Street Workout, où il devient six fois champion du monde. Malgré les circonstances, le Covid-19 en 2020 met le monde à l’arrêt… « Il ne nous restait plus qu’à espérer un miracle », plaisante Kevin Soler. Et le miracle se produit.
Après le second confinement, les commandes affluent, notamment des écoles qui adoptent les visites virtuelles face à l’impossibilité d’organiser des journées portes ouvertes. À la fin de 2020, l’entreprise est de nouveau bénéficiaire et 2021 devient son année la plus profitable depuis sa création.
Un nouvel horizon
En 2022, Kevin Soler est prêt à écrire un nouveau chapitre de son histoire avec le lancement de Virteem. En 2023, grâce à une gestion astucieuse, Virteem est plus rentable que jamais, et il envisage de racheter son plan de sauvegarde pour 350 000 euros.
Tous les créanciers acceptent, mais malgré les sourires, les blessures demeurent. « Tout au long de ces péripéties, ma femme Laura a été un soutien indéfectible, même quand tout semblait perdu. Ce qui nous a sauvés, c’est notre transparence constante avec nos équipes, nos partenaires et nos clients. » Cette honnêteté a permis de conclure un contrat majeur avec Novartis, un tournant dans la performance actuelle de Virteem. Avec 15 collaborateurs, Kevin Soler peut même se permettre de refuser des offres de financement. « Durant toutes ces années de défis, je me suis toujours dit que tant que je ne suis pas mort, rien n’est fini. »
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